Les autres philosophes | Philosophie pour enfants ou adultes: Philosophie à l'école élémentaire

Philosophie à l'école élémentaire

École élémentaire Pierre Mendès France de Clermont-Ferrand, Auvergne
Deux ateliers philosophie pour enfants ont lieu avec les élèves de la classe de CM1 de Séverine Rastoix le mercredi 20 juin, le lundi 25 juin et le lundi 2 juillet 2018 de 9h à 10h15. La question philosophique choisie par les élèves est : Quelle différence y a-t-il entre le vrai et le faux ?

Quelle différence y a-t-il entre le vrai et le faux ?
Compte-rendu du dialogue philosophique du Mercredi 20 juin 2018

Le dialogue philosophique avec les élèves commence d’emblée par la dimension logique du vrai et du faux. Après une première distinction de différentes espèces de faux – le mensonge et l'erreur – se pose la question : Une proposition peut-elle être vraie et fausse ?, puis : Une proposition peut-elle n’être ni vraie ni fausse ?
Une enfant : Dire vrai et faux en même temps est impossible. Pourquoi ? Parce que c'est le contraire.
Un garçon commence à dire : Il n’y a que le vrai. Car si je dis « c’est faux » et que c’est faux, je dis vrai. Et si je dis « c’est vrai » et que c’est vrai, je dis vrai.
Le dialogue allait revenir plus tard à cette question par un autre côté : la question de l'être du faux.
Le dialogue en vient à la question : Qu’est-ce qui peut être vrai ou faux ? Quels types de pensées peuvent l’être ou non ? Le garçon forme une expérience de pensée complexe dans laquelle la question n’examine plus une proposition mais une envie : voir un film.
Parti de la dimension logique de la vérité et du faux, le dialogue progresse implicitement vers sa dimension psychologique, puis phénoménologique, avant d’en arriver in fine à l’aspect ontologique. Nous en sommes pour l’instant à l’examen de la question initiale sous l’angle de la perception : Quelle différence y a-t-il entre une perception vraie et une perception fausse ? La perception fausse est incomplète, répond Meriem. Par exemple, dit-elle, je vois quelqu’un faire quelque chose, et je pars avant de l’avoir vu terminer ce qu’il est en train de faire.
L’exemple initial d’une proposition supposée fausse, « Le ciel est vert », change : nous examinons la proposition « Le soleil est vert », en pensant à une photographie du soleil. Meriem argumente qu’elle est fausse car quelque chose à été ajouté à l’image. Examen de l’argument de Meriem : Pourquoi ? Est-ce vraiment l’ajout, ou le retrait, d’un élément qui rend fausse une image, alors que l’ajout ou le retrait d’un élément sur ce tableau ou sur une feuille de papier ne semble pas le rendre faux pour autant ?
Meriem propose une définition du faux : Le faux est ce qui n’existe pas.
Le faux doit exister sinon tout serait vrai ! Je peux quand même bien dire quelque chose de faux, répond Léo.
Mais alors, comment le faux peut-il être ?


Théétète
Comment ça ? Quel est le problème dont tu parles ?

L'Étranger
Réellement, mon cher ami, nous voilà engagés dans une recherche bien difficile ! Car apparaître ou sembler, et ne pas être, et dire quelque chose, sans dire vrai, tout cela est plein d'apories, non seulement à présent et dans le passé mais toujours. Comment dire ou penser que le faux est réel, sans être nécessairement conduit à s’empêtrer dans une contradiction ?, voilà, Théétète, quelque chose de bien difficile !

Théétète
Pourquoi ?

L'Étranger
Car qui dit que le faux est a l’audace de faire l'hypothèse que le non-être est : car il serait impossible que le faux, autrement, en vienne à être. Mais le grand Parménide, mon enfant, quand nous-mêmes étions enfants, témoignait de cela d’un bout à l’autre, aussi bien en prose qu’en vers, chaque fois qu’il disait : « Que ceci ne soit jamais imposé : que ce qui n’est pas est. Écarte ta pensée de ce chemin de recherche ! »

Platon, Le Sophiste, 236e - 237b


Quelle différence y a-t-il entre le vrai et le faux ?
Compte-rendu du dialogue philosophique du Lundi 25 juin 2018

Poursuite de l'examen de la question : Comment le faux peut-il être ? Meriem maintient sa définition paradoxale du faux : Le faux est ce qui n'existe pas. Meriem prend bien soin tout au long de ce second dialogue philosophique de dire aux autres élèves qu'ils n'ont pas compris ce qu'elle veut dire, et de le leur expliquer.
Objection de Maïssa : Si le faux n'existait pas, nous aurions tout juste (Prémisse implicite de son raisonnement : Or nous faisons des erreurs – par exemple, dit Maïssa, souligner le sujet comme un verbe dans un exercice scolaire. Conclusion implicite : Donc le faux existe).
Objection d'Ali : 3 + 2 = 7 est faux.
Objection de Justine : Une erreur est quelque chose.
Meriem explique donc patiemment ce que veut dire « Le faux est ce qui n'existe pas ». Meriem distingue les mots, et les choses : les mots ou les propositions erronées existent bien. Mais être faux signifie justement que les choses qu'ils désignent n'existent pas, explique-t-elle. Meriem pense la relation qui se situe à la base du triangle sémantique des mots, des concepts, et des choses :

Source : Alain de Libera, Destructionis destructio (suite) : existence et vérité, Cours au Collège de France du 19 mars 2018

Meriem : Oui je peux dire le mot « licorne » ou l'imaginer ou la dessiner, mais la chose n'existe pas en réalité.
Justine : Le faux n'a pas forcément de sens.
Meriem : Oui, par exemple si je dis « Hier j'ai mangé des crevettes au restaurant et je n'étais pas au restaurant. », c'est faux et ça n'a pas de sens.

Comment pourrait-on vraiment contredire la définition du faux défendue par Meriem ? Que pourrait-on vraiment lui objecter ?... Nous pourrions chercher à droite du triangle, du côté des choses : pourrait-on trouver une chose qui soit à la fois fausse et existante ?...
Je crois que j'ai justement une chose ici, voyons... La voici : voilà un faux billet de 10€ ! Cette fois il ne s'agit plus d'un mot ou d'une fausse proposition ni d'une fausse idée mais d'une chose. Cette chose est fausse, et pourtant, elle existe ! Dans le cas d'une chose fausse qui existe, de la fausse monnaie ou d'un faux tableau par exemple, la définition du faux ne semble pas pouvoir être « ce qui n'existe pas ». Mais alors qu'est-ce que faux signifie ?
Anthony : Un faux billet ne vaut rien.
Vous entendez comment Anthony retrouve ou reprend l'idée de Meriem selon laquelle le faux renvoie à : rien ? Ce que dit Anthony est-il vrai ?
Yanis : Un faux billet vaut quelque chose, on peut acheter quelque chose avec.
Le raisonnement de Yanis est :
Prémisse mineure : Quelque chose peut être acheté avec un faux billet.
Prémisse majeure : Rien ne peut être acheté avec ce qui ne vaut rien.
Conclusion : Donc un faux billet vaut quelque chose.

Divine : Un faux tableau, une copie de La Joconde, est peint par quelqu'un d'autre que le peintre de La Joconde.
Objection d'Amin, à voix basse – la classe compte des sœurs jumelles : Les jumeaux viennent de la même personne.
Nous faisons donc passer la différence entre le vrai et le faux, dans le cas d'une chose, par la différence entre la chose originale et la copie. Ce qui soulève au moins trois questions :
Toute chose fausse est-elle la copie d'une vraie ? Toute copie est-elle fausse ? Et si non, alors la question de la différence du vrai et du faux se repose à nouveau pour la copie elle-même : Quelle différence y a-t-il entre une vraie et une fausse copie ?
Léo : Un vrai billet est gagné par le travail.
Le raisonnement de Léo est :
Prémisse majeure : Un vrai billet est gagné par le travail.
Prémisse mineure : Un faux billet n'est pas gagné par le travail.
Conclusion : Pour un billet une différence entre vrai et faux tient donc à la manière dont le vrai est obtenu.

Mais, que je donne ce billet, cela le change-t-il de vrai billet en faux billet, ou de faux billet en vrai billet ?


Extrait de la Première Question disputée sur la Vérité (1256–1259) de Thomas d'Aquin (ca. 1225–1274), Article dix :

Dixièmement on se demande si une chose est fausse. Il semble que non.

Arguments
1. Augustin dit en effet dans le livre des Soliloques : « Le vrai est ce qui est » ; donc le faux est ce qui n'est pas ; or ce qui n'est pas n'est pas une chose ; donc aucune chose n'est fausse.
2. On a dit que le vrai est une différence de l'étant ; et ainsi, le faux, comme le vrai, est ce qui est. – On a répliqué qu'aucune différence divisante n'est convertible avec ce dont elle est une différence ; or le vrai est convertible avec l'étant, comme on l'a dit plus haut ; donc le vrai n'est pas une différence qui divise l'étant telle qu'une chose puisse être dite fausse.
3. En outre, « la vérité est l'adéquation de la chose et de l'intellect » ; or toute chose est adéquate à l'intellect divin car rien ne peut être en soi autrement que l'intellect divin ne le connaît ; donc toute chose est vraie ; donc aucune chose n'est fausse.
4. En outre, toute chose tire sa vérité de sa propre forme ; en effet, un homme est dit vrai du fait qu'il a la vraie forme de l'homme ; or il n'est aucune chose qui n'ait quelque forme, parce que tout être est par une forme ; donc toute chose est vraie ; donc aucune chose n'est fausse.
[…] 6.

Contre-arguments
Texte à venir.

Réponse
Texte à venir.

Solution des arguments
Texte à venir.

Solution des contre-arguments
Texte à venir.


Quelle différence y a-t-il entre le vrai et le faux ?
Compte-rendu du dialogue philosophique du Lundi 2 juillet 2018

Rappel de deux questions restées en suspens. Première question : Est-il vrai qu'une différence entre le vrai et le faux est que le faux n'a pas nécessairement de sens, alors que le vrai a nécessairement du sens, comme le disait Justine ? Je dessine le sens comme un cercle dont une partie contient tout le vrai et l'autre une partie du faux, l'autre partie du faux étant hors du cercle du sens.
Et puisqu'il est question du sens, traçant à nouveau le triangle sémantique des mots, des concepts ou idées, et des choses, je rappelle que notre problème se trouve du côté droit du triangle sémantique, du côté des choses et du faux dans les choses : s'il est vrai que la définition du faux comme « ce qui n'existe pas (réellement) » est vraie pour les mots, et pour les concepts ou les idées, cette définition du faux ne semble pas être vraie pour les choses, puisqu'une chose fausse existe. Quelle est donc la définition du faux pour une chose qui existe ? Qu'est-ce qu'être fausse, pour une chose ?
Telle que nous l'avons posée, cette seconde question est triple : Toute chose fausse est-elle une copie d'une vraie ? Toute copie est-elle fausse ? Et si la réponse à cette dernière question est non, quelle différence y a-t-il entre vraie et fausse copie ?

Divine : Un arnaqueur peut faire une fausse copie totalement identique au vrai.
Justine : Il faut que tout soit copié pour que la copie soit fausse.
La proposition de Divine et celle de Justine soulèvent la question de l'identité et de la différence elle-même, impliquée dans la question de la différence du vrai et du faux : Deux choses peuvent-elles être identiques ? Si oui et si l'une est vraie et l'autre fausse, comment les différencier ? Est-il possible que le vrai et le faux soient indiscernables ?
Pensant à une fiction littéraire, copie d'une autre, Justine répond qu'un même titre différent peut avoir le même sens.
Un titre différent peut avoir le même sens, lui répond Meriem, par exemple une fiction qui intitulée « Une mère cuisine de la pizza » et une fiction intitulée « Une maman cuisine de la pizza ».

La première possibilité de faux et de copie, envisagée par Justine, est qu'une copie soit fausse en raison d'une erreur de l'auteur de la copie.
Une seconde possibilité, envisagée par Marius, est qu'une copie d'un poème soit fausse parce qu'elle n'est pas du véritable auteur du poème original.
Une troisième possibilité, envisagée par Meriem et Emma, est celle d'un plagiat littéraire.
Une quatrième possibilité, envisagée par Divine, est celle d'une reprise d'une chanson. Une reprise est-elle fausse ? Non, répond-elle, mais pourquoi ?
Une cinquième possibilité est envisagée par Yanis : Une miniature est vraie. Toute miniature est-elle vraie ? Ça dépend des objets miniatures, ce n'est pas la même chose pour une Tour Eiffel miniature et pour un billet miniature, répond Yanis. Marius commence par répondre non à la question : Toute copie est-elle fausse ? Il pose la question de la différence du vrai et du faux en prenant l'exemple de la Statue de la Liberté qui est aux États-Unis d'Amérique et de la Statue de la Liberté qui est en France. Toute miniature est vraie, répond Léo, et la Tour Eiffel n'est pas une miniature car il n'en existe pas de plus grande.

La Tour Eiffel est une miniature, répond Marius à Léo, approfondissant l'expérience de pensée et la question de la vérité et de la fausseté de la miniature et de son essence jusqu'à la rendre vertigineuse. Une miniature peut n'exister qu'en miniature, sans être une miniature d'une chose originale, dit-il. Le paradoxe de Marius rappelle Les Voyages de Gulliver et soulève la question de la réalité de la grandeur et de la mesure des choses : La grandeur d'une chose est-elle une propriété réelle absolue, qui différencierait le faux, miniature, du vrai, original, ou bien la grandeur d'une chose n'est-elle que relative à la distance depuis laquelle la chose apparaît, ou à la grandeur de l'être à qui elle apparaît ?

Ce n'est pas la taille mais la matière qui fait que la Tour Eiffel miniature est vraie ou fausse, répond Meriem. Jupiter n'a pas de sol, alors qu'une miniature de Jupiter que je tiens dans ma main est en plastique, dit-elle.
C'est faux, car une voiture en plastique et une miniature en plastique sont toutes les deux en plastique, lui répond Léo. Un faux billet est de la même matière qu'un vrai, lui répond également Justine. Mais si je fais un billet avec du vrai papier, alors il est vrai, objecte Marius à l'encontre de la proposition de Meriem selon laquelle la différence entre le vrai et le faux est la matière dont une chose est faite.
Il pourrait exister une Jupiter en plastique ailleurs, ou que nous mettions dans le système solaire, argumente Justine.
Si la copie de Jupiter était fausse, Jupiter n'existerait pas, dit Léo.


École primaire La Font de l'Arbre d'Orcines, Auvergne
Trois ateliers philosophie pour enfants ont lieu avec trois classes d'élèves de CM2, CM1-CM2 et CE2-CM1 de Bruno Brongniart, Rémi Deloire et Isabelle Menu le vendredi 29 juin 2018 de 8h30 à 11h30 à l'École primaire La Font de l'Arbre d'Orcines ! La question philosophique choisie par les élèves est : Une machine pourrait-elle penser ?

Compte-rendu des dialogues philosophiques à venir.


École élémentaire Jules Ferry de Clermont-Ferrand, Auvergne
À l'école élémentaire Jules Ferry, cinq ateliers philosophie consacrés à la question Qu'est-ce que le temps ? avec les élèves d'une classe de CM1 ont lieu les mercredis 4 octobre, 11 octobre, 18 octobre, 8 novembre et 15 novembre 2017, de 9h à 10h.
Le tout premier atelier philosophie du 4 octobre est consacré aux questions posées par les enfants : Qu'est-ce que la philosophie ? Socrate est-il mort ou existe-t-il encore ? Qui sont les philosophes connu.e.s et vivant.e.s ? Et vous, est-ce que vous êtes un philosophe connu ? Sur quoi la philosophie pose-t-elle des questions ? Qu'est-ce que l'éthique ? Et la métaphysique, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que la logique ? Et vous, sur quoi posez-vous des questions ? Qu'est-ce qu'un raisonnement ? Pourquoi les opérations logiques se divisent-elles en trois ? Quelle différence y a-t-il entre un chiffre et un nombre ? Est-ce que les philosophes disent aux autres ce qu'ils découvrent ou bien est-ce qu'ils le gardent pour eux ? Est-ce que la philosophie est quelque chose de naturel ou bien d'inventé ? Comment les philosophes apprennent-ils ce qu'ils savent ? Pourquoi la philosophie existe-t-elle ? Pourquoi fait-on de la philosophie ?


École élémentaire Chanteranne de Clermont-Ferrand, Auvergne
À l'école élémentaire Chanteranne, cinq ateliers philosophie consacrés à la question Qu'est-ce qu'une émotion ? avec les élèves d'une classe de CE1 ont lieu les jeudis 1, 8, 15, 29 mars et 5 avril 2018, de 15h05 à 16h.