Les autres philosophes | Philosophie pour enfants ou adultes: Vivre

Vivre

La vraie vie

Projet territorial d'Éducation Artistique et Culturelle 2024–2029 consacré au vivant en collaboration avec la Médiathèque entre Dore et Allier de Lezoux, Cyril Amblard, la Compagnie Entre eux deux rives et Graine Vagabonde, avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Auvergne.
Début du projet : quatrième trimestre 2024
Représentations du spectacle Dépêche-toi ! par la Compagnie Entre eux deux rives, les mardi 5 et jeudi 7 novembre, accueil de deux classes de maternelles et deux classes d'élèves de CE1/CE2.
Ateliers philosophie et ateliers d'écriture musicale avec quatre classes d'élèves de CE1/CE2 les vendredi 8, mardi 12, jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2024.
Conférences philosophiques :
Samedi 9 novembre 2024, de 17h à 18h30
La philosophie comme manière de vivre : La vraie vie
Samedi 7 décembre 2024, de 17h à 18h30
Les deux sens de la vie : dans la philosophie d'Henri Bergson

Argumentaire
en cours d'invention

Penser un arbre
L'Arbre de Porphyre
Comment la pensée est-elle vivante ? Comment la pensée s'engendre-t-elle ? Comment naît-elle et grandit-elle ?
Quel est l'engendrement vivant, logique, de la question — Qu'est-ce ? — et de la réponse ?
Comment l'arbre de la pensée s'engendre-t-il ? Dans quel sens logique ? Comment ses branches se ramifient-elles ? Comment, et pourquoi, s'élève-t-il ? Jusqu'où ?
Le logique serait-il vivant ? Serait-il l'âme de la pensée ? Et le logique, l'âme du vivant ?

S'élever
L'ascension spirituelle

Ascension des trois degrés ou espèces de connaissance
selon Augustin d'Hippone
« de l'extérieur à l'intérieur, de l'inférieur au supérieur »
Connaissance intellectuelle
par l'intellect (νοῦς, intellectus, intelligentia)
de l'esprit
de la lumière intelligible de la vérité
Connaissance rationnelle et spirituelle
par le dialogue de l'esprit (mens ou spiritus)
avec la raison (λόγος, ratio)
à la lumière intelligible de la vérité
Connaissance sensible
par les sens ou l'imagination
de l'âme (anima, animus)
à la lumière sensible du soleil


Les deux sens de la vie
dans la philosophie d'Henri Bergson
Vie végétale et vie animale, instinct et intelligence, organique et mécanique, intuition et analyse, durée et espace,
vie au sens propre (spirituelle) et vie active (l'étant sous la main)
Deux connaissances « du » vivant :
analyse physico-chimique en troisième personne et intuition en première personne de l'expérience vitale
Celle-ci n'est pas une connaissance distincte du vivant, c'est la vie même, le savoir du vivant, par soi-même, et la connaissance vivante.

Dénouée du suprasensible, la métaphysique devait-elle simplement disparaître, et sa disparition n'allait-elle pas entraîner celle de la philosophie elle-même […] ? Il y a eu plusieurs tentatives de sauver la métaphysique et le destin métaphysique de la philosophie de sa critique empiriste [britannique]. Celle qui nous intéresse dans ce livre […] a proposé un programme inédit de nouage entre l'expérience et la métaphysique, qui explique une partie importante de la philosophie du XXᵉ siècle, notamment en France [Henri Bergson, Jean Wahl, Maurice Merleau-Ponty, Gilles Deleuze, Pierre Hadot d'une part, Georges Bataille, Maurice Blanchot, Michel Foucault d'autre part], et qui continue d'inspirer bien des penseurs actuels. […] Car, d'après les empiristes métaphysiques, le plan des expériences n'est pas plat. Toutes les expériences ne se valent pas. Les expériences ordinaires […] nous empêcheraient de saisir le fond des choses, le sens véritable de la vie, la nature ultime de la réalité. Dans nos expériences ordinaires, nous raterions quelque chose d'essentiel, mais il nous serait donné dans de rares moments privilégiés qui sont d'authentiques expériences métaphysiques. […] Les expériences ordinaires nous maintiendraient dans un régime d'apparence sur le plan épistémique et dans le conformisme des valeurs établies sur le plan moral, mais les expériences exceptionnelles nous donneraient accès à la réalité véritable et nous indiqueraient un mode d'existence supérieur et essentiellement libre.

Stéphane Madelrieux, Philosophie des expériences radicales, p. 14

Dossier de lectures philosophiques
Henri Bergson, Œuvres complètes
Maurice Merleau-Ponty, Bergson se faisant
Gilles Deleuze, Bergson, 1859–1941
Id., La conception de la différence chez Bergson, repris dans L'île déserte et autres textes (1953–1974)
Le bergsonisme
Giuseppe Bianco, Après Bergson : Portrait de groupe avec philosophe
Frédéric Worms, Bergson ou les deux sens de la vie
Stéphane Madelrieux, Philosophie des expériences radicales André Pichot, Histoire de la notion de vie

Robert Harrison, Forêts : Promenade dans notre imaginaire
Laurent Tillon, Être un chêne : sous l'écorce de Quercus
Alexis Jenni, Parmi les arbres, essai de vie commune
Antonio Donato Nobre, Il y a un fleuve au dessus de nous
Pascal Cuissot (un Film de), Le mystère des rivières volantes d'Amazonie, sur arte
Site web du Projet Rios Voadores (Rivières Volantes), initié depuis 2007 par Gérard et Margi Moss
Élisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes : La philosophie à l'épreuve de l'animalité
Oliver Austin et Arthur Singer, Oiseaux
Zdeněk Veselovský, Le royaume des oiseaux
Emmanuelle Kecir-Lepetit et Léa Maupetit, Oiseaux à reconnaître
Vinciane Despret, Habiter en oiseau

Le monde-de-la-vie (Husserl) et la chair (Merleau-Ponty)
À partir des sciences physiques s'étendit à la conception de toute existence une ontologie dont l'entité modèle est la pure matière, dépouillée de tous les traits de la vie. […] Notre pensée est aujourd'hui sous la domination ontologique de la mort. […]
Son œuvre accomplie, le dualisme nous a légué l'« étendue » en tant que ce qui est sans vie et insensible, et le corps est indéniablement une partie de cette étendue : dès lors, soit il est essentiellement le même que l'étendue en général — auquel cas on ne comprend pas son être en vie, soit il est sui generis — auquel cas on ne comprendra pas sa prétendue exception et elle remet en question tout le principe, c'est-à-dire l'interprétation matérialiste de la substance comme telle selon les pures propriétés de l'étendue indifférente. […]
Ainsi le corps organique signifie-t-il la crise de toute ontologie connue et de « toute ontologie future qui pourra se présenter comme science ». […] Le corps vivant est le rappel de la question ontologique non encore résolue : « qu'est-ce que l'être ? » et doit être le canon des tentatives à venir pour la résoudre.

Hans Jonas, Le phénomène de la vie. Vers une biologie philosophique,
La vie, la mort et le corps dans la théorie de l'être
Le concept galiléen naïf de corps comme substance matérielle étendue. Aporie (perception et vie). Confusion entre essence et corps.
Retour phénoménologique vivant au primat, originaire, du corps charnel et du sensible, au double sens.
Corps vécu, incorporation, faire corps avec quelque chose (haptique), corps.


Dossier de lectures philosophiques
Edmund Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception
Id., Le visible et l'invisible
Jan Patočka, Introduction à la phénoménologie de Husserl
Id., Qu'est-ce que la phénoménologie ?

Alphonse de Waelhens, La Phénoménologie du corps
Michel Henry, Philosophie et phénoménologie du corps. Essai sur l'ontologie biranienne
Id., Incarnation. Une philosophie de la chair
Id., Phénoménologie de la vie. I : De la phénoménologie
Hans Jonas, Le phénomène de la vie : Vers une biologie philosophique

La philosophie comme manière de vivre
La vraie vie
Nicolas Poussin, Diogène jetant son écuelle (détail), Paris, Musée du Louvre. « Vainqueur de l’ennemi le plus redoutable de l’homme, la volupté », celui qui « faisoit pleuvoir le sel & l’ironie sur les vicieux », « accablant les passants de vérités injurieuses », « ils apprirent de lui à pratiquer la vertu, à manger des oignons, à marcher les pieds nus, à n’avoir besoin de rien, & à se moquer de tout. […] Personne n’eut plus de fierté dans l’âme, ni de courage dans l’esprit, que ce philosophe. Il s’éleva au-dessus de tout événement, mit sous ses pieds toutes les terreurs, & se joua indistinctement de toutes les folies. » Diderot, L'Encyclopédie, article Cynique

La vraie vie (ἀληθὴς βίος)
Qu'est-ce que la vraie vie (alêthês bios) ? […] Qu'est-ce qu'un vrai sentiment ? Qu'est-ce que le vrai amour ? Qu'est-ce que la vraie vie ?

avoir l'audace d'accomplir en soi la loi de la philosophie, vivre de manière philosophique

Friedrich Nietzsche, La Philosophie à l'époque tragique des Grecs

Les quatre sens du vrai
dans la vie philosophique (βίος φιλοσοφικός) antique
Est vrai ce dont l'être n'est pas en retrait, caché, dissimulé, négligé, oublié. Est vrai ce dont l'être n'est pas altéré par un élément qui soit autre que lui-même, ce qui est conforme à son essence, intègre, libre, non asservi, affranchi, original, authentique Est vrai ce qui est droit. Droiture, rectitude de la vie. Vie conforme au λόγος et à la φύσις. Est vrai ce qui est, au sens propre, c'est-à-dire bon, immuable, incorruptible, éternel, en particulier irréfutable, anelegktos.
La vie socratique (βίος σωκρατικὸς)
Le souci de soi-même (ἐπιμέλεια ἑαυτοῠ), examen de soi-même, exetasis, mise en question vivante (dévoilement) de la bonté de son âme et de sa vie. Le dernier mot de Socrate, μὴ άμελήσητε, ne négligez pas, n'oubliez pas. Le courage de la vérité (la παρρησία), envers soi-même et les autres. Savoir ne pas savoir.
l'εἰρωνεία, miroir
La question de l'essence (οὐσία) elle-même. La question essentielle : Qu’est-ce ? (τί ἐστι), question simplissime, l'essence du questionnement est la mise en question de soi-même, son εἰρωνεία. Devenir soi-même pour soi-même la question. Socrate est la question, elle-même, la dialectique. Savoir ne pas savoir. Le dialogue vivant est l'essence du λόγος, de la vie philosophique, et de l'être lui-même. Mise en question de sa manière de vivre et vie répondant d'elle-même, de sa conformité à la raison (λόγος).
l'εἰρωνεία
Vie en quête du bien et du sens de l'être.
Pratique socratique de la réfutation logique du faux par soi-même, l'ἔλεγχος, dont le principe vivant est la non contradiction avec soi-même.
Recherche et pratique des vertus (ἀρετή), du meilleur, du bien, du perfectionnement moral, et de l'idéal.
Vie philosophique comme mission irrévocable.
La vie cynique (βίος κυνικός)
vie non honteuse, effrontée, impudente (ἀναίδεια), audace de vivre, vie bravant le faux. Le courage de la vérité (la parrêsia) vie dépouillée (πενία), indifférente (ἀδιάφορος), vie de détachement, renoncement aux artifices inutiles, vie frugale, vie nue et culottée, vie simple. Rien de trop (Μηδὲν ἄγαν), modération (σωφροσύνη)
vraie vie royale, souveraine (face-à-face Diogène Alexandre)
vie non-conformiste (παραχαράττειν τὸ νόμισμα), non conventionnelle, discréditation vivante de la fausseté des conventions, manifestant que la vie ordinaire est (erre) ailleurs que là où est la vraie vie, le droit chemin, vie sauvage, nature, rebelle, insolente, vie critique (diakritikos), interpellante, provocante, dérangeante.
conformité charnelle, incarnée, à la vérité, à même son corps
un raccourci vers la vertu (σύντομον ἐπ᾽ ἀρετὴν ὁδόν)
vie de chien de garde (phulaktikos), décriant et tournant les vices en ridicule, mordant, diatribes (διατριβαί), harangue
force d'âme (καρτερία, ἰσχύς), exercice, ascèce spirituelle et corporelle (ἄσκησις), efforts (πόνοι) sur soi-même
La vie stoïcienne
. . vivre selon la vertu (SVF I, 179, 180) .
La vie épicurienne
. . . .

Les sentiments métaphysiques
L'étonnement (θαυμάζειν), l'ennui, l'angoisse, l'effroi, la joie, l'amour (alêthês erôs)
En fait je n'étais pas capable de formuler mon expérience, mais, après coup, je ressentais qu'elle pouvait correspondre à des questions comme : Que suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Qu'est-ce que c'est que ce monde dans lequel je suis ? J'éprouvais un sentiment d'étrangeté, l'étonnement et l'émerveillement d'être là. […] Je crois que je suis philosophe depuis ce temps-là, si l'on entend par philosophie cette conscience de l'existence, de l'être-au-monde. […]
Cette expérience a dominé toute ma vie. […] Depuis ce temps, j'ai ressenti très fortement l'opposition radicale qu'il y a entre la vie quotidienne, qui est vécue dans une semi-inconscience, dans laquelle les automatismes et les habitudes nous guident, sans que nous ayons conscience de notre existence et de notre existence dans le monde, entre la vie quotidienne, donc, et des états privilégiés dans lesquels nous vivons intensément et avons conscience de notre être-au-monde.

Mon expérience par excellence, je crois que le meilleur moyen de la décrire, c'est de dire que lorsque je fais cette expérience, je m'émerveille de l'existence du monde

Ludwig Wittgenstein, Conférence sur l'éthique, dans Leçons et conversations, p. 148


Dossier de lectures philosophiques
Platon, Dialogues socratiques
Les Stoïciens, Œuvres
Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres
Léonce Paquet, Les Cyniques grecs : Fragments et témoignages
Denis Diderot, L'Encyclopédie, article Cynique
Friedrich Nietzsche, Schopenhauer éducateur
Émile Boutroux, Socrate, fondateur de la science morale
Léon Robin, La théorie platonicienne de l'amour
Id., La morale antique
André Jean Festugière, Socrate
Id., Contemplation et vie contemplative selon Platon
René Schaerer, Le mécanisme de l’ironie dans ses rapports avec la dialectique
Jan Patočka, Socrate
George Rudebusch, Les trois vies philosophiques de Socrate
Georges Dumézil, Divertissement sur les dernières paroles de Socrate
Michel Foucault, Le courage de la vérité, Cours au Collège de France. 1984
Marie-Odile Goulet-Cazé, L'ascèse cynique
Id., Le cynisme, une philosophie antique
Isabelle Chouinard, Un tonneau sous le Portique : la réception du cynisme chez les stoïciens
Id., Cynisme et falsification du langage : à propos de Diogène cherchant un homme
Id., Les maîtres de Cratès

Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique
Id., La Philosophie comme manière de vivre
Id., La philosophie comme éducation des adultes
Id., Introduction aux Pensées de Marc-Aurèle
Id., Qu'est-ce que la philosophie antique ?
Id., Éloge de Socrate
Id., Éloge de la philosophie antique
Id. et Ilsetraut Hadot, Apprendre à philosopher dans l'Antiquité. L'enseignement du manuel d'Épictète et son commentaire néoplatonicien
Ilsetraut Hadot, Sénèque : Direction spirituelle et pratique de la philosophie
Théodore Colardeau, Étude sur Épictète
Jacques Brunschwig (éd.), Les Stoïciens et leur Logique
Jean-Baptiste Gourinat et Juliette Lemaire (éd.), Logique et dialectique dans l’Antiquité
Alice Brière-Haquet et Csil, Le Corbeau d'Épictète
Maël Goarzin, Comment vivre au quotidien ? Carnet de recherche en ligne
Id., Occupations quotidiennes et pratiques du corps dans les biographies néoplatoniciennes
Jean-Yves Fischbach (un film de), Une vie simple. Jean Daniel, ermite paysan
Stéphane Madelrieux, Philosophie des expériences radicales
Juliette Grégoire et Lucia Calfapietra, Les philosophes parlent d'amour